Un lieu légendaire qui aujourd’hui fait partie d’une réserve naturelle.
Traduction en français de Rinoantonio Tomeo
Peu de régions dans le monde ont suscité autant d’émotions, de rêves et de confusions, que le Cap de Bonne-Espérance.
Souvent considéré à tord comme le point le plus austral de l’Afrique, le Cap de Bonne-Espérance, situé au confluent de deux courants maritimes contraires, se trouve sur la côte atlantique.
La tâche de marquer l’extrême sud du continent, et de séparer les deux océans Atlantique et Indien, revient au moins célèbre Cap des Aiguilles, situé à environ 100 km plus à l’est.
Presque tous les touristes le confondent avec la Pointe du Cap (Cape Point), un autre promontoir rocheux à 2 km au nord-est, qui attire immédiatement l’attention en raison de son aspect plus imposant et de son positionnement par rapport à la péninsule.
Le navigateur portugais, Bartolomeu Dias, fut officiellement le premier à franchir le Cap de Bonne-Espérance en janvier 1488, alors qu’il cherchait une autre voie pour arriver aux Indes.
Surpris par des vents et des courants violents, il dépassa le Cap et continua encore 600 km à l’est, mais fut contraint de s’arrêter dans la baie d’Algoa (à proximité de l’actuel Port Elizabeth) sous la pression de son équipage.
Avant de remettre voile vers l’Europe, Bartolomeu Dias repassa par le cap, qu’il baptisa une première fois “ Cap des tempêtes ” en y plantant un padrao.
En 1500, il accompagna le découvreur du Brésil, Pedro Álvares Cabral, dans son fameux voyage ; l’ironie du sort voulu qu’il périsse au large du Cap de Bonne-Espérance, alors que le nouveau nom de bon augure était déjà entré dans l’histoire.
En 1497, sur ordres du roi Manuel Ier, Vasco de Gama part conquérir les Indes et contourne le Cap tout comme son compatriote. Il s’arrêta également une semaine à Table Bay pour se ravitailler et prit contact avec les autochtones, les Bochimans, avec qui il échangea produits manufacturés contre animaux et fruits.
D’autres navigateurs portugais comme Rio d’Infante, Jaos da Nova et Antonio da Saldanha, qui donna son nom à une baie à 100 km au nord de Cape Town (Le Cap), visitèrent successivement le Cap.
En 1579, l’amiral anglais Sir. Francis Drake, démentant sa réputation orageuse, le décrit comme “le plus beau du monde et la chose la plus impressionnante, une vue entourant le tour du globe.”
Un commerçant portugais, Panteleon Sala, essaya d’y installer une petite base pour son commerce, en laissant à terre quelques hommes. Une fois le navire appareillé, les colons furent immédiatement tués par les indigènes.
En 1600, les Anglais fondèrent la célèbre East India Company pour l’exploitation de l’Inde, et les Néerlandais, deux ans plus tard, la Vereenigde Oostindische Compagnie (VOC) : un mélange de petits soldats et de marchands sans scrupules.
L’action colonisatrice portugaise, dirigée depuis Lisbonne avec la supervision de l’église, s’articulait sur un ensemble d’ intérêts économiques, catholiques et patriotiques ; celle anglaise, à matrice privée, hésitait confusément entre la nécessité de faire de l’argent et de préserver la bonne réputation de l’Angleterre ; tandis que celle Néerlandaise, dirigée par des hommes d’affaires avisé, inquiets du seul profit, échappa au contrôle du gouvernement et de l’Église.
Les mers orientales devinrent rapidement un vaste champ de bataille: Anglais contre Néerlandais pour la domination de Java, Néerlandais et Portugais pour la possession de la péninsule de Malacca, puis tous dirigés contre l’Espagne, également à la recherche des îles aux épices.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, aucune des puissances maritimes ne se souciait du Cap de Bonne-Espérance. Les Portugais installèrent leur base à Cap-Vert, Anglais et Néerlandais à Sainte-Hélène, puis tous continuèrent leur route directement jusqu’ aux Indes.
Pendant ce temps, entre 1488 et 1652, au moins 200 navires s’arrêtèrent dans la Table Bay pour s’approvisionner en eau et vivres, et paradoxalement, avec les rapports des commandants, arrivèrent en Europe plus de nouvelles sur le Cap, sur ses curieux autochtones et son étrange montagne en forme de table, que sur les territoires orientaux occupés par des soldats analphabètes.
Souvent, même dans les journées les plus claires, sur le sommet de la montagne plate, apparaissait soudainement un épais brouillard de neige fine, semblable à un drap blanc.
“C’est le diable qui secoue la nappe “, commentèrent les équipages, et les légendes se multiplièrent.
Deux belles traditions rendaient le Cap particulièrement cher aux marins : le premier à apercevoir la montagne de la Table avait le droit à une pièce d’argent et, à terre, il existait “ les pierres du bureau des Postes ” qui servait de boîte aux lettres pour les navigateurs à destination ou en provenance des Indes.
En 1651, au nom de la Vereenidge Oostindische Compagnie (ou Jan Compagnie), le Cap est choisi comme port d’escale.
Le 6 avril 1652, Jan van Riebeeck, un Néerlandais de 32 ans, au commandement de cinq navires de la VOC, jetta l’ancre dans la baie de la Table avec un premier groupe de colons. Parti depuis Amsterdam, avec femme et enfant, il avait rejoint le Cap en à peine 104 jours de navigation (au lieu des 4 mois habituels) avec seulement deux décès parmi l’équipage.
Il devait créer une installation stable capable de fournir eau et vivres aux navires de la VOC, construire un fort, un chantier naval, un hôpital pour les marins malades et un jardin botanique.
Initialement, tous les Européens qui y débarquèrent étaient des employés de la VOC, néanmoins, pour augmenter la production agricole de la colonie, afin de nourir la population et d’assurer le ravitailllement des navires, les colons furent libérés de leurs obligations vis-à-vis de la Compagnie et autorisés à s’installer comme fermiers et à commercer.
Ce fut le début de Cape Town et de la Colonie du Cap.
Aujourd’hui, le Cap de Bonne-Espérance fait partie d’une réserve naturelle de 7750 hectares de proteas, de bruyère, d’ Helichrysum blanc et de plantes rares (au moins 13 espèces sont endémiques!) unis dans une association végétale caractéristique appelée “Fynbos”.
On peut se promener en voiture et prendre le soleil sur les romantiques petites plages au sable clair.
Au milieu de la réserve, on trouve un restaurant et un bus pittoresque, le “Flying Dutchman”, il fait la navette, pour ceux qui ne souhaitent pas monter à pieds, du parking au belvédère de la Pointe du Cap.
On rencontre facilement des couples d’autruches avec leurs petits, des troupeaux de babouins rusés, et les célèbres antilopes Bontebok d’Afrique du Sud, au curieux dessin blanc-marron, qui sont devenues le symbole de la province du Cap.