Bactris gasipaes

Famille : Arecaceae


Texte © Alessandro Marini

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Haut jusqu'à 20 m Bactris gasipaes est un des palmiers les plus cultivé dans les régions tropicales et subtropicales de l'Amérique du Sud

Haut jusqu’à 20 m Bactris gasipaes est très cultivé dans les régions tropicales et subtropicales de l’Amérique du Sud © Giuseppe Mazza

Bactris gasipaes Kunth est considéré comme étant l’un des palmiers les plus importants pour l’économie des régions tropicales et subtropicales de l’Amérique du Sud et l’une des espèces les plus cultivées depuis l’époque précolombienne.

En raison de sa vaste diffusion la localisation de la région d’origine de Bactris gasipaes n’est pas du tout assurée. On suppose qu’elle pourrait correspondre à la zone amazonienne de la Colombie, de l’Équateur, du Pérou et du Brésil. On le trouve dans les forêts de montagne aux environs de 800 m bien qu’en Colombie il atteigne 1800 m d’altitude.

Le nom du genre Bactris vient du substantif grec “bactron” qui veut dire bâton et fait allusion à l’utilisation qui est faite des troncs (stipes) de certaines espèces de ce genre.

Le nom de l’espèce gasipaes vient du nom qui est communément donné au Brésil à ce palmier.

On sait que cette espèce a reçu plus de 300 noms indigènes différents qui se rapportent tous à l’époque précolombienne. Les noms communs les plus répandus sont : peach palm (anglais), palmier pêche (français), pejibaye (espagnol), pupunha, chontaduro (portugais).

Bactris gasipaes est une espèce monoïque multicaule et mince dont les stipes ont un diamètre d’environ 20 cm et peuvent atteindre 20 m de haut.

Ces stipes, dont la croissance est rapide, sont complètement recouverts d’épines noires rigides sauf au niveau des cicatrices annulaires qui correspondent à la base des feuilles tombées et sont distantes entre elles d’environ 20 cm.

La longueur des épines diminue en allant de la base du stipe vers la couronne. Chez les plantes les plus âgées les épines ont tendance à tomber dans la partie inférieure du stipe ce qui rend sa surface lisse. On a créé en culture des cultivars qui n’ont pas d’épines.

La couronne est constituée de 10 à 20 feuilles pennées longues jusqu’à 3 m et de couleur vert foncé.

Les pinnules, dont le nombre par feuille varie de 200 à 400, sont longues jusqu’à 60 cm et larges de 4 cm et ont de petites épines sur leur nervure centrale. Elles sont implantées sur le rachis à des niveaux différents, ce qui donne à la feuille un aspect plumeux. Le pétiole, long jusqu’à 1 m, est recouvert de petites épines tout comme la gaine qui se poursuit le long du pétiole et entoure le stipe. L’inflorescence, enserrée à l’origine dans des bractées épineuses semi-ligneuses longues jusqu’à 70 cm, est inter-foliaire et a une longueur qui varie de 50 à 100 cm. Elle est ramifiée en deux ordres et a un rachis long jusqu’à 80 cm sur lequel sont implantés de 30 à 100 rachillets du second ordre longs jusqu’à 45 cm. Les fleurs sont jaunâtres et disposées en triades, une fleur femelle entre deux fleurs mâles. Les fleurs femelles fleurissent les premières de façon à favoriser la pollinisation croisée. La floraison a lieu deux fois par an.

Il y a longtemps on a sélectionné en vue de sa culture une variété dont les fruits sont plus grands appelée Bactris gasipaes var. gasipaes pour la distinguer de l’espèce sauvage Bactris gasipaes var. chicagui (autrefois considérée comme une espèce distincte appelée Bactris macana, c’est  aujourd’hui un synonyme).

Son élégante couronne est formée de 10 à 20 feuilles pennées longues jusqu'à 3m qui ont de 200 à 400 pinnules

Son élégante couronne est formée de 10 à 20 feuilles pennées longues jusqu’à 3m qui ont de 200 à 400 pinnules © Giuseppe Mazza

Les deux variétés ne différent que par la dimension des fruits. De récentes études sur le noyau de l’ADN ont confirmé leur étroite corrélation.

Les fruits des cultivars de Bactris gasipaes var. gasipaes ont une couleur qui va du jaune à l’orange et au marron et contiennent une seule graine. Leur forme est également variable, d’ovoïdale à sphérique. Leur longueur peut atteindre 6 cm et leur largeur 5 cm. Ils sont produits en grand nombre et chaque inflorescence peut porter jusqu’à 20 kg de fruits. Les plantes restent productives pendant 50 à 75 ans.

Les fruits de la variété sauvage Bactris gasipaes var. chicagui sont longs jusqu’à 2,5 cm et larges jusqu’à 2 cm.

En culture on a sélectionné les cultivars qui produisent des fruits parthénocarpiques sans graines appelés “plantes mâles”.

Bactris gasipaes a été l’un des palmiers les plus cultivés de toute l’Amérique subtropicale depuis l’Antiquité. On peut fréquemment l’admirer en tant que palmier ornemental dans les jardins botaniques des pays tropicaux mais il n’est pas souvent cultivé dans les parcs et les jardins à cause surtout des dangereuses épines présentes sur une grande partie de cette plante.

Cette espèce pousse bien sur les collines situées au-dessus de 800 m où il y a entre 200 et 400 m de précipitations réparties tout au long de l’année. En plaine et avec des niveaux de précipitations plus élevées elle ne parvient pas à s’enraciner et à produire des fruits convenables.

Bactris gasipaes peut pousser sur différentes typologies de sols, d’acides à argileux, qui doivent toutefois être toujours bien drainants car cette espèce ne supporte pas les rétentions d’eau même si elle a besoin de disposer d’eau en grande quantité.

Cette espèce s’accommode d’une exposition au soleil ou à mi-ombre mais elle est essentiellement tropicale. La température annuelle moyenne idéale pour sa culture est comprise entre 18 et 24 °C.

On reproduit Bactris gasipaes au moyen de ses graines ou des surgeons que l’on récolte à la base des plantes adultes. Les graines doivent être mises à sécher à l’ombre pendant quelques heures avant d’être plantées et germent sans difficulté au bout de 3 mois.

Bactris gasipaes a été pendant des siècles le palmier le plus cultivé par les populations amérindiennes à des fins alimentaires. Ses fruits sont riches en protéines (42%), en carbohydrates (50%), en aminoacides et en vitamines et pauvres en graisses (6%). Aujourd’hui encore ces plantes sont cultivées de façon intensive pour la production de fruits qui sont consommés frais, bouillis, séchés, fumés ou mis à fermenter quelques jours avec de l’eau et du sucre afin d’obtenir une boisson alcoolisée. Le péricarpe des fruits frais contient des cristaux d’oxalate de calcium et un inhibiteur de la trypsine qui rendent leur digestion difficile, ce qui fait qu’ils sont surtout consommés bouillis.

Fruits à divers stades de maturation sur un marché local. Riches en protéines, en carbohydrates, en aminoacides et en vitamines ils sont consommés frais, bouillis, séchés ou fumés

Fruits à divers stades de maturation sur un marché. Riches en protéines, carbohydrates, aminoacides et vitamines ils sont consommés frais, bouillis, séchés ou fumés © Charles Brewer-Carias

On extrait du fruit un genre de farine dépourvue de gluten et une huile employée pour fabriquer des produits cosmétiques et du savon. Les fruits de second choix sont enfin utilisés pour l’élevage des animaux.

Les pousses de ce palmier sont employées sous le nom de cœur de palmier dans des salades, des potages et des tourtes farcies. Les fleurs mâles sont utilisées comme condiment par les populations indigènes et dans la médecine traditionnelle. Les racines servent de vermifuge. Le bois des stipes de Bactris gasipaes, autrefois utilisé par les populations amérindiennes pour fabriquer des arcs et des flèches, sert  aujourd’hui à fabriquer des meubles, des parquets et des ustensiles.

Synonymes : Bactris macana Pittier; Bactris ciliata Mart.; Bactris insignis Baill.; Bactris speciosa H.Karst.; Bactris utilis Benth. & Hook.f. ex Hemsl.; Guilelma chontaduro Triana; Guilelma ciliata H.Wendl.; Guilelma gasipaes L.H.Bailey; Guilelma insignis Mart.; Guilelma speciosa Mart.; Guilelma utilis Oerst.; Martinezia ciliata Ruiz & Pav.

 

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