Famille : Tetraodontidae
Texte © Giuseppe Mazza
Traduction en français par Michel Olivié
Canthigaster bennetti Bleeker, 1854 appartient à la classe des Actinopterygii, les poissons aux nageoires rayonnées, à l’ordre des Tetraodontiformes, à la famille des Tetraodontidae et au genre Canthigaster qui compte à lui seul près de 40 espèces sur les 200 que compte cette famille.
Le nom du genre vient du grec “kanthelia” = panier et “gaster” = ventre en raison de la capacité qu’ont ces poissons de gonfler leur ventre comme un ballon en le remplissant d’eau.
Le nom de l’espèce bennetti, de Bennett en latin, rend hommage à John Whitchurch Bennett qui vécut de 1816 à1827 à Ceylan, l’actuel Sri Lanka, où il publia un livre sur les poissons de ce pays.
Zoogéographie
En réalité Canthigaster bennetti occupe une aire de répartition beaucoup plus vaste vu qu’on le rencontre dans toutes les eaux tropicales du bassin Indo-Pacifique.
Écologie-Habitat
Il se distingue de prime abord de ses congénères par sa livrée qui est moins voyante et très variable suivant le milieu et qui comporte des teintes verdâtres et jaunes sable plus adaptées aux prairies sous-marines et aux fonds détritiques et sableux qu’il fréquente : des côtes plates recouvertes d’algues et les eaux calmes des lagons où il y a peu de formations madréporiques, des lieux en général dépourvus de couleurs vives. Il descend rarement au-dessous de 15 m de profondeur et il est même possible de le trouver dans un mètre d’eau.
Morphophysiologie
Son corps trapu, légèrement ovale et comprimé sur les côtés ne dépasse pas 10 cm de long. Il reproduit dans l’ensemble le schéma-type des Canthigaster : pas d’écailles et une sorte de cuirasse sous la peau comportant des ouvertures pour les yeux, la bouche, les nageoires, les branchies et l’anus.
Son museau situé en position avancée comme c’est toujours le cas chez les Canthigaster se termine par un bec formé de 4 dents : les deux incisives de la mâchoire supérieure et celles équivalentes de la mâchoire inférieure.
Toutes les autres dents ont disparu peu à peu au cours de l’évolution des Tetraodontidae alors que chez leurs très proches parents, les Diodontidae, les deux dernières incisives ont fusionné pour former une robuste dent unique par mâchoire.
Les nageoires ventrales sont absentes. Le poisson se déplace essentiellement grâce aux ondulations de sa nageoire dorsale et de sa nageoire anale placées de façon symétrique et vers l’arrière alors que la queue sert surtout de gouvernail et que les nageoires pectorales assurent l’équilibre et les déplacements nécessitant de la précision.
La moitié supérieure du corps est de prime abord brun-verdâtre mais en regardant bien on remarque des motifs de couleur brun-rougeâtre et des lignes jaunes qui sont plus ou moins pâles suivant l’endroit où le poisson se déplace et finissent par disparaître presque totalement pendant son sommeil aux heures de nuit.
Sa livrée se prolonge vers le bas et comporte une bande de couleur blanc-rosé et de petites taches roses alors que la région du ventre présente une série de petits points clairs de couleur bleu-verdâtre qui se réunissent en formant des lignes vers le museau.
Une tache noire cerclée de jaune à la base de la nageoire dorsale rappelle ici le Canthigaster solandri alors que les rayons très visibles qui partent de l’oeil reproduisent le schéma du Canthigaster amboinensis. En dehors de cet air de famille évident le fait de camoufler les yeux au moyen de motifs qui brouillent la perception visuelle et de créer de faux yeux placés vers l’arrière est une stratégie classique de survie dans le vaste monde des poissons de petite taille.
De plus, en avalant de l’eau presque au point d’éclater, Canthigaster bennetti peut aussi se transformer en un ballon qu’il est difficile d’attraper et d’avaler. Ajoutons que sa peau ainsi que ses viscères sont imprégnés d’un puissant venin dissuasif : la tétrodotoxine.
Éthologie-Biologie reproductive
Cette espèce se nourrit principalement d’algues vertes filamenteuses mais aussi de petits invertébrés, tels que des éponges, des gastéropodes, des bryozoaires, des petits vers, et de bouchées appétissantes d’appendices de cirripèdes et d’éponges.
Étant donné son camouflage il évite en général de mauvaises rencontres mais, en cas d’attaque, comme tous les Canthigaster, il se gonfle d’eau pour sembler plus gros et ne pas se faire attraper, ce qui est peut-être aussi le moyen de signaler aux prédateurs que sa peau et et ses viscères sont imprégnés de tétrodotoxine.
Les mâles adultes, qui sont un peu plus grands que les femelles, possèdent un territoire qui englobe les secteurs plus petits des compagnes qui constituent son harem. Quand l’une d’elles est prête à pondre elle construit un petit nid d’algues et attire le mâle par une parade nuptiale à laquelle il s’associe aussitôt.
Dès qu’ils sont pondus les oeufs sont fécondés mais ensuite, comme c’est l’usage chez ces poissons, les soins parentaux s’achèvent là. Les larves, qui naissent quelques jours après, sont dispersées par les courants.
La résilience de cette espèce est bonne, ses effectifs pouvant en cas de besoin doubler en moins de 15 mois. Son indice de vulnérabilité à la pêche, qui se situe parmi les plus bas, s’établit à peine à 10 sur une échelle de 100. Depuis 2011 Canthigaster bennetti figure donc en tant “LC, Least Concern”, c’est-à-dire “Préoccupation mineure” dans la Liste Rouge de l’UICN des espèces menacées.
Synonymes
Tropidichthys bennetti Bleeker, 1854; Tetrodon ocellatus Bennett, 1830; Canthigaster constellatus Kendall & Goldsborough, 1911; Tropidichthys oxylophius Smith, 1931.