Crataegus monogyna

Famille : Rosaceae

EUGENIO-2.gif
Texte © Eugenio Zanotti

 

michel.gif
Traduction en français par Michel Olivié

 

L’Aubépine monogyne, dite aussi aubépine à un style (Crataegus monogyna Jacq., 1775) est une très belle espèce, surtout au moment de la floraison et de la maturation des fruits, à la distribution paléotempérée: Europe occidentale, centrale et méridionale, Moyen-Orient et Afrique du Nord.

Le genre Crataegus peut-être connu du grand savant grec Théophraste, tire son nom des mots grecs “kratos” = force, en raison de la dureté de son bois, de la robustesse de ce genre de plante et de leur longévité, et “àigon” = des chèvres, c’est-à-dire qui donne de la force aux chèvres.

Les anciens Grecs désignaient sous ce nom l’azérolier (Crataegus azarolus L., 1753). Le nom de l’espèce monogyna, signifie “avec un seul pistil”, du grec “monos” = un, et “gynè” = femme. Le genre comprend plus de 200 espèces réparties dans l’hémisphère boréal, notamment en Amérique du Nord.

L’aire du Crataegus monogyna s’étend en Europe de la péninsule Ibérique à l’Angleterre, à la Scandinavie et à la Grèce jusqu’aux confins avec l’Asie Mineure. Il s’élève de la plaine jusqu’à 1.200 m d’altitude en atteignant même 1.500 m dans les régions les plus chaudes. Il vit dans les fourrés, les maquis, les haies, les bois xérophiles dégradés, les bois ouverts thermophiles et sub-mésophiles et les broussailles des bords de l’eau.

Crataegus monogyna, Rosaceae, Aubépine monogyne

Le Crataegus monogyna atteint 6 m de haut. Il a de nombreuses propriétés médicinales © Giuseppe Mazza

Il mériterait certainement, comme d’autres plantes spontanées, une plus grande diffusion dans nos jardins en remplacement de beaucoup d’espèces exotiques tout-à-fait étrangères à nos paysages. Dans le langage des fleurs l’aubépine symbolise la prudence mais dans la Grèce antique et à Rome elle était le présage de l’espérance, du mariage et de la fertilité.

L’aubépine est un arbuste ou arbrisseau aux feuilles caduques, épineux, d’une hauteur pouvant atteindre 5 à 6 m et au feuillage touffu et enchevêtré. Ses branches sont solides et tortueuses. Ses épines fortes et longues partent de l’apex des petites branches. Les boutons, de forme globuleuse à anguleuse, sont souvent situés à l’apex des brachyblastes. Les feuilles sont caduques, pétiolées, alternes (ou sub-opposées) et ont un limbe coriace, long de 3 à 5 cm, plus clair en partie basse, obovale-rhomboïdal, plus ou moins profondément lobé avec 3 à 5 lobes (7 au maximum) dont le bord est sinueux-crénelé ou grossièrement denté sauf dans la partie inférieure. Les inflorescences sont des corymbes aux pédoncules dressée et verts.

La floraison a lieu de fin mars à mai. La corolle a 5 pétales sub-arrondis, blancs, à l’odeur peu agréable qui rappelle celle des harengs (elle attire probablement les insectes nécrophiles et permet la pollinisation). Le fruit est un piridion ovale ou globulaire de 6 à 9 mm, rouge corail, dont la pulpe farineuse a un goût légèrement douceâtre, et qui renferme une seule graine de couleur jaune. Certains spécimens d’aubépine sont célèbres et sont cités dans la littérature comme celui du comté de Norfolk en Angleterre ou celui de Bouquetot en France qui ont plus de 500 ans et plus de 2 m de diamètre.

Son bois est apprécié. Il est de couleur claire avec des tons jaunes et rosés, compact et dur. Il a un grain très fin et est recherché par les tourneurs sur bois et les ébénistes.  Les branchages ont un pouvoir calorifique élevé et sont recherchés pour les fours à pain. Au point de vue forestier et naturalistique l’aubépine est une espèce qui est utile à l’enrichissement des sous-bois et à la formation de haies, qui nourrit en même temps la faune sauvage durant l’hiver grâce à ses fruits (qui sont comestibles même pour l’homme et riches en vitamine C) et qui abrite diverses espèces d’insectes comme les grands lépidoptères Aporia crataegi, Iphiclides podalirius et Eudia pavonia.

Très proche de l’ aubépine monogyne on trouve l’Aubépine épineuse (Crataegus laevigata Poiret DC, 1825, connue aussi sous le nom de Crataegus oxyacantha L, 1753 et le synonyme de Crataegus oxyacanthoides Thuill, 1779), dont l’aire se situe en Europe centrale (zone sub-atlantique). C’est une espèce plus ombrophile fréquente dans les chênaies et les bois touffus qui se distingue par ses 2 à 3 styles, ses 2 à 3 graines et par un limbe foliaire avec seulement 1 à 2 incisions peu profondes et des lobes dentelés tout autour. Les hybrides entre les deux espèces sont fréquents (Crataegus × media).

Crataegus monogyna, Rosaceae, Aubépine monogyne

À la différence du Crataegus oxyacantha les fruits renferment une seule graine © Giuseppe Mazza

On multiplie l’aubépine surtout au moyen de ses graines que l’on doit traiter de façon adéquate pour accélérer la germination (dans la nature cette opération est assurée par le tube digestif des oiseaux qui se nourrissent de la pulpe et rejettent les graines avec leurs excréments, ce qui permet la diffusion de l’espèce).

Pour les usages en herboristerie on récolte surtout les fleurs au début de la floraison (période dite balsamique) mais on utilise aussi les l’écorce et les fruits.

Les principaux constituants chimiques des fleurs sont les flavonoîdes (rutine, hyperoside, vitexine-rhamnoside) et les proanthocyanidines associées. Les glycosides du flavonol présents dans les inflorescences sont principalement représentés par la rutine, l’hyperoside et la spiraeoside. Par contre les principaux dérivés flavonoïdiques présents dans les feuilles sont l’épicatéchine et/ou la catéchine et les procyanidines associées.

On a aussi constaté la présence d’acides phénoliques simples (par exemple les acides chlorogénique et caféique). Parmi les constituants non phénoliques existent des composants caractéristiques comme les triterpènes pentacycliques (par exemple les acides oléanolique et ursolique) et les 2-hydroses dérivés de l’acide oléanolique, à savoir l’acide crataegolique. Ces principes actifs conférent aux préparations faites à partir de cette espèce des propriétés cardiotoniques, cardiosédatives, vasodilatatrices périphériques et coronariennes, stabilisatrices du cœur, hypotensives, antispasmodiques (les fleurs) et fébrifuges (l’écorce).

En phytothérapie on utilise des préparations à base de fleurs pour les cas de troubles de l’hypotension et de l’hypertension, de névroses cardiaques, de palpitations et d’anxiété due à la ménopause, d’insomnie, d’émotivité, de stress, de déséquilibres neurovégétatifs, d’artériosclérose, d’insuffisance coronarienne et d’angine de poitrine. Leur action est également utile pour le traitement de différents troubles nerveux et des vertiges. L’extrait d’aubépine ou sa décoction est un antibactérien contre les Shigella flexneri, Shigella sonneni, Proteus vulgaris et Escherichia coli.

Nous conseillons deux préparations simples , à savoir d’une part le miel sédatif pour le cœur dans les cas de palpitations, d’états d’anxiété dus à la ménopause et de déséquilibres neurovégétatifs : déposer sur la pointe d’un couteau des fleurs pulvérisées et mélangées à une cuillère à café de miel mille-fleurs que l’on consommera trois fois par jour et d’autre part une infusion pour favoriser le sommeil : verser une cuillère à café remplie de fleurs dans une tasse d’eau. Laisser infuser un quart d’heure. Pour les enfants ajouter un peu de miel, pour les adultes une cuillerée d’eau-de-vie ou de brandy. Boire avant d’aller au lit.

Basionyme : Mespilus monogyna (Jacq.) All. Fl. Pedem. 2: 141 (1785).

Sinonimes : Crataegus triloba Poir. (1789); Crataegus insegnae (Tineo ex Guss.) Bertol. (1850-51); Crataegus azarella (Griseb.) Franco (1968).

 

→ Pour apprécier la biodiversité au sein de la famille des ROSACEAE cliquez ici.